
Les expositions virtuelles
Caricature et violence de l'histoire
La Ligue des droits de l'homme, 120 ans d'histoires
Les années 68, un monde en mouvement
Le Goulag à la veille de sa disparition. Ozerlag 1953-1956

Le terme de caricature s’est imposé en français dans le langage courant, mais il vaudrait mieux parler de satire graphique. Car la caricature, telle qu’on l’entend ici, ne se réduit pas à sa définition initiale apparue en Italie à la Renaissance, et diffusée dans l’atelier des frères Carrache comme “petits portraits chargés” ( ritrattini carichi), exagérant les traits caractéristiques du modèle. Elle ne se limite pas non plus aux formes graphiques associées à la satire de moeurs qu’ont connue les contemporains de Hogarth. La caricature moderne est une invention de la culture médiatique, elle suppose la diffusion multipliée par l’imprimé, vendue sous forme de feuilles volantes ou incluse à l’intérieur d’un journal illustré. Investie en France dès la Révolution d’une mission démocratique, elle en appelle à l’opinion publique, dont elle grossit les débats. Mais, plus généralement, elle est la première manifestation de notre culture de l’image contemporaine : elle a, dès le XIXe siècle, envahi l’imaginaire social, avant d’être concurrencée ou supplantée par les nouveaux médias.
Exposition réalisée avec La contemporaine dans le cadre du programme Histoire du rire moderne (19e-21e siècles) : traditions comiques et culture multi-médiale (HIRIM) du Labex Les passés dans le présent
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Exposition réalisée avec La contemporaine dans le cadre du programme Histoire du rire moderne (19e-21e siècles) : traditions comiques et culture multi-médiale (HIRIM) du Labex Les passés dans le présent
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1898 : des citoyens révoltés par l’injustice dont était victime le capitaine Dreyfus décidaient de créer la Ligue française pour la défense des droits de l’Homme et du citoyen. Ils s’engageaient alors à porter aide et assistance « à toute personne dont la liberté serait menacée ou dont le droit serait violé ».
2018 : la Ligue des droits de l’Homme est aujourd’hui de tous les combats pour la justice, les libertés, les droits civiques et politiques, les droits économiques, sociaux et culturels, la lutte contre le racisme et l’antisémitisme.
L’activité de la Ligue constitue une page d’histoire de la République Française au XXesiècle. L’influence de l’association sur la Déclaration Universelle des droits de l’homme dont on commémore le 70e anniversaire le 10 décembre 2018, a été manifeste.
Depuis 2000, les archives de la Ligue des droits de l’Homme sont consultables à Lacontemporaine. L’inventaire du fonds postérieur à 1945 est achevé et ouvre de nouvelles perspectives à la recherche. Des campagnes de numérisation d’archives et de production d’entretiens audiovisuels ont été réalisées à cette occasion.
Elaborée à partir de ce fonds, l’exposition est structurée en quatre parties : « La fondation de la Ligue des droits de l’Homme » rappelle le moment de l’Affaire Dreyfus ; « Les premiers combats de la Ligue des droits de l’homme » retrace l’élargissement de son champ d’action aux droits économiques et sociaux, aux questions internationales, aux droits des femmes ainsi qu’aux luttes des populations colonisées ; « La Ligue, la paix et les guerres» apporte un éclairage sur son rôle dans les relations internationales ; « La Ligue des droits de l’homme aujourd’hui » souligne l’actualité des causes et des combats de l’association.
Conçue par des historiens et destinée à un large public - particulièrement aux collégiens, lycéens et étudiants - l’exposition permet de feuilleter les archives de la Ligue récemment numérisées, de consulter des extraits d’entretiens filmés et donne à voir d’autres richesses en provenance des fonds. Elle présente aussi l’Affaire Dreyfus de Georges Méliès, un des premiers films politiques français, tourné à l’occasion de la révision du procès, l’année de la création de la Ligue.

"Nouveaux regards sur une histoire plurielle 1962 -1981"
En 2008, La contemporaine (BDIC) a publié Les années 68, un monde en mouvement. Nouveaux regards sur une histoire plurielle (1962-1981) paru aux Editions Syllepse. La contemporaine s’est associée à la Cité des mémoires étudiantes et à La Parole errante, pour réaliser une exposition virtuelle en continuité avec ce livre pour élargir délibérément l’approche temporelle et spatiale de « 68 ».
L’exposition, reflet des collections de La contemporaine et de ses partenaires, met l’accent sur des aspects moins connus de la période, et déplace intentionnellement le regard pour s’interroger sur les héritages comme sur les ruptures : elle propose des éclairages originaux et ludiques sur ces moments de l’histoire suscitant les passions les plus contradictoires.
Parcourir les continents, de Chicago à Rome, traverser les événements dans leur ampleur sociale avec bien sûr les étudiants mais aussi les ouvriers, les paysans, les artistes. Rencontrer la diversité des engagements et découvrir les nouvelles formes de militantismes qui émergent alors, des féminismes aux antimilitarismes, des régionalismes à l’antipsychiatrie. Tout en rendant hommage à divers acteurs des années 68, les commissaires ont choisi dans les fonds des trois établissements une riche iconographie souvent inédite, mettant en relief l’inventivité des collectifs d’artistes soucieux de bouleverser les frontières entre art et politique.

"Le Goulag à la veille de sa disparition. Ozerlag 1953-1956"
Les photographies de Vladimir Ablamski (1911-1994) témoignent de la vie dans un camp soviétique à la veille de sa disparition. Déporté en 1947 en Sibérie, Vladimir Ablamski a été libéré le 25 août 1956. A la suite de la mort de Staline en mars 1953, iI avait été mandaté par les autorités du camp pour photographier chaque prisonnier, "zek", libéré. C’est armé d’un appareil qu’il avait lui-même bricolé et affectueusement baptisé son "pudel" (caniche), qu’il s’acquitta de sa tâche. Sa position quasi officielle de photographe du camp, lui permirent de laisser « traîner » son oeil aux alentours : les vues de miradors, barbelés, zeks procédant à l’abattage du bois, traces de tentatives d’évasion, exécution de fugitifs constituent une documentation iconographique sur le Goulag, d'autant plus exceptionnelle que rare.
On trouvera dans cette exposition outre le précieux témoignage de Vladimir Ablamski, des lettres d’anciens zeks adressés à la presse, des cartes des différents camps, situés entre Taïchet et Bratsk (à 1000 km au nord d’Irkoutsk), et des extraits du documentaire filmique de Michel Daëron, Contre-jour de Sibérie.