La fondation de la LDH
Des combats longtemps incertains


La bataille dreyfusarde n’est pas seulement celle des mobilisations et des campagnes de presse à Paris. Elle se déroule tout autant dans d’autres villes où se constituent des sections de la Ligue. Le médecin Jean Lépine à Lyon, le germaniste Victor Basch à Rennes, le sociologue Émile Durkheim à Bordeaux, l’historien Henri Hauser à Clermont-Ferrand s’engagent dans un combat qui leur fait découvrir des syndicalistes et des ouvriers. Leur effort est relayé par des universités populaires, organismes associatifs qui veulent développer l'enseignement des adultes par des professeurs bénévoles, permettant ainsi la rencontre voire l'alliance du peuple et des intellectuels.

En 1899, la Ligue compte 8 500 adhérents. Le gouvernement Charles Dupuy décide, en vertu de l’article 291 du Code pénal, d’engager des poursuites contre la Ligue des Patriotes, la Ligue de la Patrie française et la LDH, pour constitution d’associations non autorisées.
En juin 1899, alors que la Cour de cassation se prononce pour une révision du premier procès Dreyfus, l’agression nationaliste contre le président de la République à Auteuil permet à Pierre Waldeck-Rousseau de prendre la tête d’un gouvernement de « défense républicaine ». Il s’agit moins de réformer en profondeur que de revenir à la norme républicaine. Après le second conseil de guerre de Rennes qui condamne Dreyfus avec des circonstances atténuantes, puis sa grâce (1899), la loi d’amnistie du 27 décembre 1900 est censée mettre fin à l’agitation. La Ligue demeure divisée sur cette loi qui met sur le même plan dreyfusards et antidreyfusards.

Article 291 du Code pénal :

« Nulle association de plus de vingt personnes, dont le but sera de se réunir tous les jours ou à certains jours marqués pour s'occuper d'objets religieux, littéraires, politiques ou autres, ne pourra se former qu'avec l'agrément du gouvernement, et sous les conditions qu'il plaira à l'autorité publique d'imposer à la société. »



Portrait de Victor Basch, carte postale, s.d.

Portrait de Victor Basch, carte postale, s.d.

René, Gilbert
La contemporaine/ GF pièce 177 ©La contemporaine
Extrait du Code pénal de l'empire français : article 291, 1810

Extrait du Code pénal de l'empire français : article 291, 1810

©Source gallica.bnf.fr / BnF
Une audience de la Cour de cassation toutes chambres réunies in La vie illustrée,numéro spécial, L'affaire Dreyfus par l'image,1899

Une audience de la Cour de cassation toutes chambres réunies in La vie illustrée,numéro spécial, L'affaire Dreyfus par l'image,1899

s.n.
La contemporaine/ GF pièce 348 ©La contemporaine

"Le retour de l'île du Diable", affiche, ca.1899

s.n.
La contemporaine/ AFF. 011091 ©La contemporaine
La leçon d'anatomie in Le Rire : journal humoristique n°231 , 7 juillet 1907

La leçon d'anatomie in Le Rire : journal humoristique n°231 , 7 juillet 1907

Pierre-Georges Jeanniot (1848-1934)
La contemporaine/ ©La contemporaine
Le Rire est un hebdomadaire satirique et humoristique dirigé par Félix Juven, d'un antidreyfusisme "modéré" et d'un patriotisme "bien de chez nous". Il détourne ici une toile fameuse de Rembrandt en se moquant de la classe politique de l'époque : Caillaux, auteur d'un projet d'impôt sur le revenu controversé, Briand, Reinach, Clemenceau, Ribot, Pelletan sont aisément reconnaissables autour d'une Marianne à la destinée incertaine.
La Leçon d'anatomie du docteur Tulp, huile sur toile,1632

La Leçon d'anatomie du docteur Tulp, huile sur toile,1632

Rembrandt Hatmensz. Van Rijn (1606-1669)
Mauritshuis
La leçon d'anatomie du docteur Tulp (1632), commande de la Guilde des chirurgiens, est un des tableaux les plus connus de Rembrandt (1606-1669), conservé au Mauritshuis de La Haye.





Union de la rue Mouffetard : Université Populaire du Ve arrondissement, 76 rue Mouffetard, tract, 1902
Paris : Panvert

© Cedias/Musée social


  • Union de la rue Mouffetard : Université Populaire du Ve arrondissement, 76 rue Mouffetard, tract, 1902
  • Union de la rue Mouffetard : Université Populaire du Ve arrondissement, 76 rue Mouffetard, tract, 1902
  • Union de la rue Mouffetard : Université Populaire du Ve arrondissement, 76 rue Mouffetard, tract, 1902





"Vive l'armée ! A bas la vérité !", in Supplement to Black & White n°450, 16 septembre 1899
Dessin de Hy. Mayer

La contemporaine/ GF pièce 829 ©La contemporaine






Attentat contre Maître Labori
tableau du film L’Affaire Dreyfus de Georges Méliès, 1899, Association Cinémathèque Méliès-Les Amis de Georges Méliès.


Résumé du scénario : À Rennes, lors de la révision du procès, l’avocat de Dreyfus, Maître Labori, reçoit deux coups de revolver dans le dos. Il est blessé. On n’a jamais retrouvé l’auteur de l’attentat. L’une des personnes qui l’accompagnent serait la journaliste Séverine.



Bagarre entre journalistes
tableau du film L’Affaire Dreyfus de Georges Méliès, 1899, Association Cinémathèque Méliès-Les Amis de Georges Méliès.


Résumé du scénario : Pour éviter les émeutes, on a choisi Rennes plutôt que Paris pour le procès en révision. Malgré cela, les journalistes dreyfusards (dont Séverine qui serait représentée à gauche sur l’écran) et antidreyfusards en viennent aux mains dans la salle même où se déroule le procès.




Le Conseil de guerre en séance à Rennes
tableau du film L’Affaire Dreyfus de Georges Méliès, 1899, Association Cinémathèque Méliès-Les Amis de Georges Méliès.


Résumé du scénario : Sous la présidence du colonel Jouaust, le tribunal militaire siège. Alfred Dreyfus, en uniforme, entre par la droite. Seul Maître Demange le défend, Maître Labori ayant été blessé. Le général Mercier témoigne à charge pendant quatre heures et demande qu’on lui apporte une chaise. Le Conseil de guerre déclare Dreyfus coupable avec circonstances atténuantes. Il est gracié en 1900, mais son innocence ne sera reconnue qu’en 1906.

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