Paris-Berlin-Moscou-Nanterre : spoliation et restitution des archives de la Ligue
(1940 – 2000)


En juin 1940, le siège national de la Ligue des droits de l’homme, dissoute par le gouvernement de Vichy, est investi par la Gestapo. La police nazie s’empare de ses archives qui comportent notamment les noms d’antifascistes allemands réfugiés en France.
Transférées à Berlin, les archives sont ensuite mises à l’abri des bombardements dans le territoire des Sudètes. Elles tombent entre les mains du service de contre-espionnage de l’Armée rouge en 1945, qui les achemine à Moscou.
Les archives de la Ligue font partie d’un vaste ensemble saisi par les Nazis : des fonds privés d’autres associations (LICRA, Comité d’aide aux réfugiés espagnols, etc.), de syndicats et partis, d’organisations franc-maçonnes, tous connus pour leur engagement contre le régime national-socialiste, et des archives publiques dont de nombreux dossiers de la préfecture de police.

Tous ces fonds sont conservés dans le secret de la Guerre froide, au dépôt des « Archives spéciales » créé à Moscou en 1946. Début 1990, un quotidien soviétique révèle leur présence en URSS. Peu après la chute du régime, la France signe plusieurs accords avec la Russie pour autoriser leur rapatriement en France. Ce n’est qu’en 2000 qu’elles sont définitivement restituées. Le comité central de la Ligue décide alors de les déposer à la BDIC qui a fait des droits de l’homme l’un des axes majeurs de sa politique documentaire. 452 cartons contenant plus de 17 000 dossiers, soigneusement inventoriés par les services archivistiques soviétiques, arrivent à Nanterre. Une quinzaine d’années plus tard, l’association dépose à La contemporaine ses archives postérieures à 1945. Les plus récentes, nativement numériques – fichiers de traitement de textes, newsletters, courriers électroniques, contenus publiés sur le web – font l’objet d’un projet pilote visant à les conserver de manière pérenne et sécurisée.






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A l’attention du Commandement militaire de Nancy
Nancy, le 12 octobre 1940
Objet : Opération contre la Ligue des droits de l’Homme
Il a été constaté lors de l’opération que la section locale de la LDH détient au bureau de poste local le compte courant n°8601, au nom de « Charette ». Une somme de 902, 55 francs se trouve encore sur le compte. Par mesure préventive, il a été demandé au bureau de poste qu’aucun paiement ne soit effectué à partir de ce compte.
Je vous prie d’ordonner la fermeture du compte et la saisie de la somme qui s’y trouve.


arch moscou

Archives de la Ligue des droits de l'Homme revenues de Moscou, crédit : G. Petitjean.

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